WE-S2T #2 Marion BAILE, chargée de communication

Au départ il y a eu une sorte de stupéfaction L’impression à la seconde même où le confinement a commencé que tout allait devenir bien plus compliqué que la minute précédente. Après est venu le temps où on a idéalisé tous ces jours mis à disposition.  On allait pouvoir profiter des enfants, essayer la cohérence cardiaque, mieux manger, se remettre à la musique, enfin apprendre l’italien, sans aucune mention inutile à rayer. On allait sortir de là métamorphosés en une version bien meilleure de nous-mêmes.
Alors qu’on voit poindre l’issue à l’horizon(même si on ignore réellement quand) , on réalise que la réalité du confinement se trouve très certainement quelque part à mi-chemin.

Ce qui est certain c’est que rares sont les confinements qui se ressemblent. Le mien par exemple tient dans 60m2 avec deux enfants et un mari en télétravail. Le premier jour, on a fait un emploi du temps précis, avec des heures de travail scolaire. Des heures de travail tout court. Des pauses. Du sport. De l’art. Tout était bien minuté et colorié. C’était tellement idyllique qu’on se serait cru dans un film de Jean-Pierre Jeunet. Au final, bien évidemment rien ne s’est déroulé comme prévu. Le réseau n’a pas fonctionné, Il y a eu 37 urgences téléphoniques, des règles de conjugaison récalcitrantes et la preuve d’une évidence que l’on connaissait déjà : Enseigner est un métier et ce n’est pas le nôtre. A J+1, je me suis clairement demandé comment on allait tenir et en sortir entier.
Surtout que mon métier c’est de communiquer et face à une situation inédite où tous les codes semblent changés, on ne sait plus trop quoi dire et sous quelle forme. Tout semble n’être que redite ou peu en adéquation. Et puis autant certains projets, principalement l’écriture, nécessitent un calme absolu, autant la majorité se nourrit d’échanges formels ou informels. Et le vide créé par l’absence de ses collègues vient s’ajouter au reste. Tout le temps dont on semblait disposer se trouve déformé. Les capacités de réflexion et de concentration sont transformées.
Ce qui m’a sauvée au final c’est de poser les choses. De lister les dossiers. De les prendre un par un. De réaliser que même s’ils sont physiquement loin, nos collègues sont joignables. Pour faire des points ou juste pour prendre des nouvelles. Et que grâce aux technologies on peut même les voir – les entendre. Pour beaucoup cette nouvelle mode de café-skype est absurde. Dans mon cas elle est salvatrice. Elle raccroche au réel. Et entre deux plaisanteries et trois anecdotes on retrouve nos marques.
L’autre point essentiel est très certainement de lâcher prise. Il y a des heures où il m’est impossible de travailler. Où les priorités sont ailleurs. Où j’ai besoin d’échanger avec les autres juste pour me rassurer sur le fait qu’ils vont bien. Étrangement le confinement rapproche. J’apprends à aménager mon temps autrement. Je travaille plus tôt. Plus tard. J’utilise mes moments off pour me cultiver autrement. Fraîchement arrivée en janvier, je suis encore une novice du secteur, Je profite de certaines parenthèses pour me familiariser avec ce monde qui m’est encore parfois inconnu. Je me plonge dans les conférences du pavillon de l’Arsenal, je réécoute la radio, je voyage par la lecture et je tente de nouvelles expériences plus ou moins concluantes. J’ai découvert par exemple que le yoga et la méditation n’étaient pas faits pour moi, mais j’ai développé une passion pour les podcasts historiques, je suis devenue imbattable au Puissance 4 et la clé de fa n’a plus aucun mystère. Mais surtout entre lecture et recherche,  jamais la protection de notre environnement ne m’a paru si indispensable.
Depuis que le déconfinement se profile, les questions changent. Comment cela va-t-il se passer ? De quoi demain sera fait ? A quoi ressembleront désormais les rapports humains ? Saurons-nous tirer les leçons nécessaires ? On peut tous émettre des probabilités mais personne ne le sait vraiment et au milieu du bruit de toutes les suppositions, le silence fait parfois du bien. Ce qui est certain c’est qu’on en ressortira tous différents. Nouvelles méthodes de travail, cartes redistribuées, visions différentes de nos métiers, demain gardera la trace de cette période. A nous d’en faire ce que l’on souhaite et c’est dès à présent qu’il faut y réfléchir.

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