Interview de Dominique ALBA, Architecte DPLG, Directrice Générale de l’Atelier Parisien d’Urbanisme (Apur)

Quel est le rôle de l’Apur et quelles sont ses missions ?

L’Apur est une association loi 1901 qui réunit une équipe de 80 personnes autour des métiers de la ville. Présidé par un conseil d’administration réunissant les acteurs publics du Grand Paris, il a pour mission de documenter, analyser et proposer des stratégies concernant les évolutions urbaines et sociétales à Paris et dans le Grand Paris.

L’Apur est donc à la fois un outil au service des politiques publiques d’aménagement et de développement, un éclaireur dans les évolutions métropolitaines du Grand Paris telles que définies par la loi Maptam et une plateforme d’échanges, de diffusion et de construction communes à tous les acteurs de Paris et du Grand Paris (syndicats techniques, établissements publics, collectivités et citoyens).

Chaque année, l’Apur adopte en assemblée générale un programme de travail – réalisation d’études, création et alimentation d’observatoires, traitement de données – dont les résultats sont portés à la connaissance de ses administrateurs et du public. Parmi ses derniers travaux, les data portraits des 131 communes de la Métropole du Grand Paris et une étude sur la logistique et les Jeux Olympiques. L’Apur contribue par ailleurs à la rédaction du SCoT1 métropolitain, du PCAEM et du PMHH2.

Le boulevard périphérique a fait l’objet d’une étude spécifique publiée par l’Apur en octobre 2016. Constitue-t-il un facteur d’attractivité pour la Métropole du Grand Paris ?

Le boulevard périphérique est, depuis sa création, un facteur d’attractivité pour la Métropole. Plus d’un million de véhicules l’empruntent chaque jour et on y trouve plusieurs lieux de rayonnement de rang mondial : le Parc des Expositions de la Porte de Versailles, le Palais des Congrès de la Porte Maillot, la Cité Universitaire, la Philharmonie de Paris, le Parc des Princes, les Puces de Saint-Ouen… Enfin, le périphérique est situé sur une partie de l’espace libéré par la démolition de l’enceinte de Thiers en 1919, espace qui a permis la réalisation de la ceinture verte parisienne, élément remarquable du patrimoine parisien.

Face aux enjeux environnementaux, quelles sont les évolutions potentielles à terme des usages du boulevard périphérique ? Quels impacts ces transformations pourraient-elle avoir sur le parc immobilier ceinturant le boulevard ?

Le boulevard périphérique est un espace paradoxal. C’est un lieu pollué et bruyant, une coupure urbaine majeure ; mais c’est aussi un espace recherché pour la visibilité qu’il donne et un axe important pour la continuité végétale : plus de 40 hectares d’espaces verts bordent en effet le périphérique.

Les premières évolutions sont engagées pour diminuer le bruit, la pollution et faciliter les traversées (passerelles, couvertures). D’autres vont suivre pour amplifier cette première étape avec la construction d’immeubles ponts, la réduction continue du bruit et de la pollution et une augmentation des plantations. Le parc immobilier pourra alors retrouver plus de liberté ; il sera moins contraint par le respect de normes qui conduisent aujourd’hui à l’édification d’une muraille qui, peu à peu, supprime par exemple les possibilités de vues lointaines offertes par cet ouvrage dès lors qu’il est en viaduc. Les murs anti bruits seront sans doute peu à peu déposés et remplacés par des plantations. La consultation internationale pour la transformation des autoroutes portée par le Forum Métropolitain du Grand Paris et les résultats des travaux d’une mission des élus de la Ville de Paris apporteront d’autres possibilités pour accélérer ces évolutions et engager sans doute une autre étape plus ambitieuse, qui reste à écrire.

Quel pourrait être le rôle de l’ingénierie dans le cadre de ces réflexions ?

L’ingénierie a plusieurs rôles à jouer. Un premier rôle essentiel concerne l’analyse de la capacité de mutation des ouvrages, la gestion des éléments précontraints, l’usure des bétons, le calcul des charges admissibles, la mutation des espaces urbains…

Un autre rôle, me semble-t-il, est lié à l’objectivation des contraintes au regard des évolutions technologiques et des nouveaux besoins liés à l’adaptation aux changements climatiques. Il s’agit d’analyser collectivement cette situation urbaine unique de métropole et capitale mondiale et de la considérer comme une ressource. Tout ce travail reste entièrement à faire.

1 Schéma de Cohérence Territorial
2 Plan Métropolitain de l’Habitat et de l’Hébergement

Panorama des projets S2T réalisés ou en cours qui ponctuent le Périphérique :

Porte de Versailles – ICADE FRESK

Porte d’Orléans – Maison de la Chine

Porte d’Ivry – CARIVRY

Quai d’Ivry – Inventer Bruneseau

Porte de Clichy – SOGEPROM, Opération mixte

Porte de Champerret – Peace & Log

Porte d’Asnières – ZAC Clichy Batignolles

 

 

Porte de Gentilly – Hôtel JO&JOE

 

 

 

 

 

 

 


Dominique ALBA

Née en 1957, Dominique Alba travaille en 1982 au sein de l’agence Jean Nouvel avant de partir au Congo pour co-piloter un programme de développement rural. Lauréate d’un concours international intitulé structures et concept des villes de demain organisé par la FIHUAT (Fédération Internationale pour l’Habitation, l’Urbanisme et l’Aménagement des Territoires), elle réalise un travail de terrain pendant deux ans en Afrique et Amérique latine sur des mines à ciel ouvert qui servira de base à un travail de recherche mené à l’École des mines de Paris sur « développement durable et développement minier ».En 1986, elle s’associe avec Philippe Roux architecte et exerce en libéral jusqu’en 2000, principalement sur des opérations de réhabilitation de bâtiments et des opérations d’urbanisme en France, en Europe et en Afrique. Elle travaille notamment en Île-de-France, à Rennes et Hérouville-Saint-Clair. En 1994, l’agence est mentionnée au prix de la première œuvre avec la réalisation d’une pépinière d’entreprise située à Hérouville-Saint-Clair. Pendant cette période, Dominique Alba enseigne à l’école de mines d’Alès et à l’école d’architecture de Bretagne.

En 1996, elle rencontre Bertrand Delanoë, s’engage à ses côtés et abandonne l’exercice libéral en décembre 2000. De mars 2001 à mai 2003, elle est chargée de mission au cabinet du maire de Paris, responsable architecture, espace public et renouvellement urbain.

En mai 2003, elle prend la direction générale du Pavillon de l’Arsenal, centre d’information, de documentation et d’exposition d’architecture et d’urbanisme de Paris qu’elle élargit à l’échelle métropolitaine et ouvre à l’ensemble de la promotion immobilière.

De septembre 2008 à janvier 2012, elle est également directrice déléguée de l’Atelier parisien d’urbanisme dont elle prend la direction générale le 1er février 2012. Fonction qu’elle occupe actuellement

Crédit photo : © Apur – A. Deroux

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